par Isabelle FAUDUET, dans Bull .du Cercle d’Histoire d’Argenton, automne 1999
« ……De la découverte à la restauration
- Le 4 mars 1967, la chaussée d’un chemin s’effondre sous le
poids d’une charrette chargée d’engrais. Quelques jours plus tard,
l’exploration à travers le trou qui s’était formé
permet de reconnaître une galerie voûtée. Dans les mois
qui suivent, cette galerie, obstruée par des boues, va être
dégagée sur 26m de long ;...Haute de 2,10m, large de 0,70m,
elle sera reconnue sur 90m et explorée sur 40m. A 3,5m de l’entrée,
un puisard à margelle de pierre sèche : parmi le mobilier
recueilli, un manche de quenouille et des ex-voto miniatures.
- En avril 1968, une équipe d’étudiants sous la direction
du Professeur G.Charles-Picard, dégage l’entrée de la galerie
et une partie de l’escalier nord : une volée de 14 marches apparaît.
Après délimitation du périmètre de la fontaine
à l’aide d’une pelle mécanique, le Docteur Allain fait appliquer
en 1970 la méthode des fouilles tumulaires, exploration en quartiers
opposés avec banquette médiane. Plus de 25 bénévoles
se succèdent pour dégager les quarts nord-ouest et sud-est.
Truelles et tamis sont de rigueur : dans une couche noirâtre au-dessus
des marches, un grand nombre de monnaies et de débris métalliques
« …- En 1971, la fontaine est entièrement dégagée
pendant la campagne estivale et son plan relevé par J.P.Adam. C’est
un ensemble monumental de 24 m de long sur 12 m. Le bassin est large de
4,45 m de côté en moyenne et profond de 0,85m, ses parois
sont couvertes d’un ciment rose étanche et les dalles, liées
par des crampons de fer, sont encore en relativement bon état. Un
« puits » est exploré au sud-ouest de la margelle qui
est implantée à 3 m sous le sol de circulation.
- Dès l’année suivante, on dispose des dalles à
l’emplacement des marches nord trop usées ou qui ont disparu. Six
cavités sous-jacentes à l’escalier sud seront fouillées
et on achève l’exploration de la galerie : 5 regards sont reconnus,
de 1,7 m de long et distants de 17 m en moyenne, et trois frettes en fer
sont mises au jour. »
…«- La Fontaine et son quartier, recherches sous la direction
de Jacques Allain
Après la découverte, Albert Hesse (Centre de recherches
géophysiques de Garchy) est sollicité pour effectuer une
prospection électrique... Le relevé des traces de résistivité
du sol suggère l’existence d’un carrefour au nord-ouest du monument,
implanté lui-même entre deux rues, ce que va confirmer la
fouille des abords entreprise de 1968 à 1983.
A l’ouest, une série de murs parallèles
délimite des « boutiques » ; cet entrepôt se superpose
à des constructions en matériaux périssables du Ier
siècle. Au nord-est, sur une rue en place dès l’époque
augustéenne, plusieurs recharges se succèdent jusqu’au IVe
s. Une tranchée d’adduction d’eau du IIe s. la longe au sud, ainsi
qu’une autre au nord, plus ancienne, avec en bordure un portique suggéré
par des socles de piliers. On explore le prolongement d’une canalisation
qui traversait l’escalier nord. Au-delà, seuls les niveaux les plus
récents d’une zone d’habitat ont été dégagés
; dans la couche de démolition, des fragments d’une mosaïque
à décor géométrique.
Au sud, une zone artisanale de la première moitié
du Ier siècle avec aménagements en pierre sèche, est
reconnue : des déchets de travail du bronze et du bois de cerf ont
été recueillis mais aussi, une série de pigments sous
la forme de boules, crayons et poudres déposées dans des
vases : des bleus pourraient avoir été fabriqués localement;
c’est le cas également de certains verts, ratés de fabrication,
tandis que d’autres comme le rouge de réalgar et les roses de garance
ont dû être importés (analyse physico-chimique par le
CNRS, Centre E.Babelon)… »
Trois campagnes de fouilles complémentaires seront menées
aux abords (A.-M. Jouquand, 1993-1996)
L’hypothèse d’un aqueduc aménagé depuis une
source à l’est du village, pour approvisionner en eau le quartier,
a été proposée récemment (J.-L.Paillet).