- Un lieu de culte dédié à Mercure ?, un sanctuaire
de tradition indigène au cœur de l’agglomération ?-
Une inscription sur deux blocs recueillis au nord de l’ensemble cultuel,
révèle que Q.Sergius Macrinus a fait rénover un bâtiment
cultuel à ses frais, en l’honneur de Mercure. Un quartier d’habitat
a été mis au jour aux abords, ainsi que des bâtiments
publics et commerciaux à proximité, mais pas encore
de trace de forum contrairement aux premiers espoirs. Le temple principal
est-il ailleurs ?
En tout cas, un complexe religieux où coutumes indigènes
et influence romaine se juxtaposent.
L’ensemble cultuel est constitué dans l’état actuel de
la recherche, de trois édifices cultuels alignés, orientés
vers l’est, chacun entouré d’un mur de clôture.
Deux d’entre eux, mis au jour en 1970, sont de type fanum, à
cella carrée entourée d’une galerie. Celui disposé
à l’ouest est postérieur au milieu du IIe siècle ;
devant l’entrée, un large portique était adossé
au mur d’enceinte. L’autre, de plus faibles dimensions, a été
érigé sous le règne de Néron ou peu après.
De nombreux éléments de sculpture ont été
recueillis dans les remblais de démolition dont plusieurs évoquent
un culte à Mercure et à une divinité féminine,
déesse de l’abondance. Parmi les autres fragments représentant
dieux classiques et indigènes, ceux d’un « dieu accroupi
», le quatrième trouvé sur le site, ici devant l’entrée
du temple 1. Sur le socle du personnage, un fragment d’inscription (AVG.E..)
atteste qu’il devait être associé au culte de l’empereur.
Des divinités orientales étaient également honorées,
en témoigne notamment une dédicace à la Mère
des dieux, rédigée par un prêtre du culte impérial.
Ces temples se superposent à des bâtiments antérieurs.
A l’est, deux édicules en matériaux périssables
se succèdent pendant la première moitié du Ier siècle,
de nombreuses monnaies ont été déposées à
l’intérieur de l’entrée. Autre pratique, l’enfouissement
dans plusieurs fosses de restes de sacrifices ou de cérémonies.
Dans l’une des cavités les plus profondes, des quartiers de porc
étaient associés à un grand nombre de vases brisés
dont l’un présente un graffito en langue gauloise « le vergobret
a fait un sacrifice ». Une petite série de fosses juxtaposées
et comblées à l’époque augustéenne, a été
mise au jour sous le premier bâtiment et aux abords : des dépôts
intentionnels ne sont pas à exclure.
Les cultes publics tombent en désuétude après
la destruction des temples à la fin du IIIe siècle et l’espace
n’est plus fréquenté que ponctuellement. On signalera la
découverte d’un coffrage de tuiles dans lequel ont été
déposées six tablettes de plomb repliées. Sur l’une
d’elles, une inscription a pu être partiellement déchiffrée.
Le troisième édifice, découvert en 1982, est en
cours de fouilles. Constitué d’une cella précédée
d’un auvent ou pronaos, il a lui aussi livré plusieurs éléments
de statuaire.